Pyrénées-Atlantiques : le Département doit trouver l’équilibre entre performance économique et tourisme durable – Sud Ouest

Pyrénées-Atlantiques : le Département doit trouver l’équilibre entre performance économique et tourisme durable

LIEN SUD OUEST

Par Pierre Penin – p.penin@sudouest.fr Publié le 03/05/2021 à 15h16

Mis à jour le 05/05/2021 à 15h13

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L’Agence d’attractivité et de développement touristique élabore le schéma du tourisme pour les six prochaines années

L’équilibre entre développement économique et développement durable : tel est à la fois l’objectif et la gageure au moment d’écrire le Shéma départemental du tourisme des Pyrénées-Atlantiques. Le texte cadre fixera la stratégie du Conseil départemental en la matière, pour la période 2022-2027.

Les enjeux sont énormes. « Nous parlons d’un secteur qui pèse normalement 2 milliards d’euros annuels et 10 % du PIB (Produit intérieur brut, ou l’ensemble de la richesse produite localement) dans l’économie départementale », situe Max Brisson, vice-président de l’Agence d’attractivité et de développement touristiques. L’AaDT, chargée d’élaborer le schéma. Mais le secteur souffre de la crise du Covid-19. Avec 18 millions de visiteurs en 2020, la fréquentation a chuté de 38 %. Les retombées ont fondu de 40 %. La fermeture des remontées mécaniques cet hiver pèse lourd.

L’urgence de la saison

Une conjoncture dont personne ne se hasarde plus à projeter le terme. Jacques Pédehontaa, président de l’Agence, brosse l’« urgence du moment «. Elle se décline aussi en chiffres. « Il y a d’abord le plan de relance d’1 million d’euros, financé par le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques. » Initié voilà presque un an, ce fonds est venu soutenir les professionnels.

« Il a notamment permis l’opération Le 64 à 64 euros. » Soit l’émission de 9 000 « bons cadeaux » valables chez les hôteliers et « opérateurs de loisirs ». « La nouveauté, c’est que nous allons l’élargir aux restaurateurs. »

Au-delà des mesures sonnantes et trébuchantes, l’AaDT s’est associée à l’Union des métiers et industries de l’hôtellerie (Umih) dans un projet de « revenu de management de destination ». Jacques Pédehontaa traduit en termes intelligibles le dispositif soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine : « L’idée est de partir de l’expertise des professionnels, aussi tout ce qui est data, pour mieux connaître la clientèle et mieux adapter l’offre de chacun. »

L’AaDT encourage aussi les professionnels à se positionner pour le fonds de relance Tourisme durable de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). « L’aide peut aller jusqu’à 50 000 euros par établissement. » L’État consacre 30 millions d’euros au plan national. Il n’y en aura pas pour tout le monde.

Vers un tourisme plus durable

Le grand défi réside, pour le territoire, dans la préservation de ses atouts. Le président du Département, Jean-Jacques Lasserre, parle d’« attractivité à sauvegarder ». Il loue les marques « Biarritz et Béarn Pyrénées identifiées nationalement ». La bande côtière et les richesses naturelles attirent. Mais elles concentrent l’activité. Jacques Pédehontaa cite cette statistique nationale qui semble inspirée de la réalité locale : « 80 % de l’économie touristique occupe 5 % du territoire. »

« Nous avons à penser à la fois à la compétitivité de notre proposition touristique et à sa durabilité »

« Nous sommes à la croisée des chemins, il faut avancer dans une logique de tourisme responsable », souhaite Max Brisson. Doublement. Parce que les paysages, les milieux naturels ou patrimoniaux qui font la vitalité de la destination demandent protection. Aussi parce que la pandémie a stimulé l’aspiration déjà grandissante à un tourisme authentique, serein. « Nous avons à penser à la fois à la compétitivité de notre proposition touristique et à sa durabilité. » Les deux ne se tournent pas le dos. La surfréquentation parfois observée en saison sur certains sites fera jurer à des visiteurs qu’on ne les y reprendra pas. Une question d’acceptabilité se pose aussi.

Orienter la demande par l’offre

Sur le massif du Mondarrain, par exemple, le règlement intercommunal partagé par Ainhoa, Espelette et Itxassou tente d’ordonner les usages. Les élus locaux n’excluent pas une police spéciale, d’abord préventive. Max Brisson proscrit les « démarches qui pourraient laisser croire à de l’hostilité ». Lui et Jacques Pédehontaa prônent un travail vers le « slow tourisme ». Faire l’éloge de la lenteur, du temps de la découverte. Celui qui permet aussi de lever le nez au-delà des plages bondées.

« Nous avons les atouts pour aller vers ce tourisme durable. » Directeur du réseau Protourisme, conseil stratégique du Département, Didier Arino estime « que le tourisme, c’est le marketing de l’offre ». Autrement dit, les politiques publiques peuvent orienter les pratiques : « Quand on fait évoluer l’offre, la demande suit. »

Le schéma départemental devra s’y employer. Réussir une meilleure répartition des 8 millions de visiteurs annuels dans le temps et les espaces qu’offre le département. Cela sans négliger aucune strate sociale. En clair, se garder d’arriver à un tourisme trop cher, excluant.

 

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